dimanche 11 novembre 2012

Johan Akan: «Être gay et mannequin, c’est très mal vu» ...


L'ex cover-boy de TÊTU, en couverture des «Inrocks» cette semaine, fait son coming out sur le site de notre partenaire Mygaytrip. Morceaux choisis.
Après avoir mis plusieurs fois ses vêtements sur la table (notamment sur son compte twitter), le mannequin Johan Akan finit de se dévoiler. Interrogé par Mygaytrip.com, celui qui a notamment eu le privilège d'être la proie de Catherine Deneuve sur la couverture de TÊTU n°160 (novembre 2010), revient sur sa carrière, ses choix, et révèle les dessous d'un milieu pas aussi gay-friendly qu'on l'imagine...
MyGayTrip.com : Comment es-tu devenu mannequin ?
Johan Akan: En 2005, après mes études de commerce j'ai pris une année sabbatique. J'ai été repéré dans la rue par l'assistant de Fred Farrugia, un grand maquilleur, qui était à Lyon pour le tournage de «Top Model 2005». Il m'a propose de tenter ma chance, de monter sur Paris et faire quelques photos, avec des personnes de confiance. J'ai dit oui. Quelques temps plus tard je signais en agence et j'avais gagné l'un de mes meilleurs amis. Dimitri.

Je suis monté à Paris et 5 mois plus tard mon agence m'appelait pour me dire que Galliano voulait de moi sur son défilé, ça a été mon premier podium. Ma première pub s'est faite un an après. J'ai eu la chance que ce soit une pub « worldwide », avec un cachet assez important. C'était une expérience plutôt canon.
Tu as fait plusieurs fois la couverture de magazines gay français, comment ça s'est fait ?
La première fois c'était pour Pref. Il y avait deux couv' et les gens devaient choisir: mon numéro a été le plus vendu (rire). En fait, comme c'était un magazine gay, mon agence m'avait demandé avant si j'étais OK, on en est encore là, et j'avais accepté. J'ai fait une deuxième couv' pour Prefplus tard. Pour TÊTU l'agence m'a aussi demandé... j'ai dit pourquoi pas. Ils m'ont dit que ce serait nu, j'allais pour dire non, et puis ils m'ont dit que ce serait avec Catherine Deneuve donc j'ai dit oui. Je n'avais jamais posé nu avant, en tout cas certainement pas avec Catherine Deneuve (rire). J'ai compris que ça allait avoir un impact.
Quand tu dis «on en est encore là» en évoquant les agences qui demandent l'accord des mannequins lorsqu'il s'agit de projets gays... tu veux dire quoi 
Avant d'accepter cette interview, je me suis demandé si je devais répondre en tant que Johan Akan, mannequin, ou si je devais être moi-même. Accepter, c'était finalement faire mon coming-out et jeter un pavé dans la marre. Ce n'est pas une révélation que de dire qu'il y a beaucoup d'homos dans la mode et pourtant, être gay et mannequin c'est très mal vu: il vaut mieux être discret. J'ai bien conscience d'avoir pris un risque en acceptant de répondre à vos questions. Certains pensent encore qu'être gay peut avoir un impact sur la capacité du mannequin à jouer avec une fille par exemple. Je trouve ca tellement incompréhensible. Des clients demandent clairement aux agences si les mannequins sont hétéros pour leur campagne. Je trouve cela pitoyable et hypocrite que le monde de la mode joue activement ce jeu là! Je ne pensais vraiment pas qu'en arrivant dans le mannequinat, je devrais cacher mon homosexualité alors que je l'acceptais parfaitement avant.
Tu n'as pas eu «peur» justement en acceptant de faire la couverture de magazines gays ?
La question fait partie du problème. Je me souviens avoir lu sur un forum quelqu'un qui disait, à propos de la couv' avec Catherine «de toute façon elle ne risque rien avec un gay», et quelqu'un a répondu «c'est le magazine qui est gay pas le mannequin»! Désolé, mais 99% des mannequins qui font TÊTU ne sont pas gay. Donc non, je n'ai pas eu peur, j'étais flatté parce qu'en couv' des magazines gay ils mettent des mecs dont la beauté parle au plus grand nombre.
En faisant ton coming-out qu'espères tu?
Si déjà ça ne me porte pas préjudice ça montrera que ça a eu son petit effet...

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