L'industrice cinématographique d'Hollywood connaît bien la crise: à quelques rares exceptions près, chacun de ses gros projets récents a bu la tasse. Il y a donc un enjeu énorme pour elle à réussir l'adaptation de la trilogie Fifty Shades of Grey. Le best-seller sulfureux, qui sera enfin traduit en Français le 17 octobre, raconte les aventures érotiques d'une jeune vierge de 22 ans, qui se laisse séduire par l'intriguant magnat des médias Christian Grey. Connu pour avoir ouvert les ménagères aux pratiques SM, il devrait donner lieu à un film plutôt chaud bouillant…
Du coup, tout le petit monde du showbiz s'interroge sur un point: qui pour interpréter le jeune et beau milliardaire? De nombreux noms ont circulé: Ryan Gosling, Christian Bale, Tom Hardy, Jon Hamm, Channing Tatum… ou Matt Bomer, qui a récemment
fait un subtil coming out et est désormais considéré comme une personnalité ouvertement gay d'Hollywood.
Un hétéro pour jouer un hétéro?
Et c'est là que la polémique est arrivé. Un temps pressenti pour adapter l'histoire en scénario, le célèbre romancier Bret Easton Ellis (l'auteur des libres à l'origine de American Psycho, Less Than Zero ou des Lois de l'attraction) a mis – pour le moins – les pieds dans le plat. Dans une série de tweets sur son compte, avant d'être finalement écarté du projet, il s'est prononcé sur quelques-uns des noms. Y compris Matt Bomer, auquel il préfère Ian Sommerhalder (Vampire Diaries).
«Peu importe que vous soyez un excellent acteur, si vous êtes marié à un homme, ça va être compliqué pour vous d'interpréter Christian Grey», a-t-il écrit. Puis: «Il ne s'agit pas de discrimination. Il faut croire que ce mec très hétéro veut absolument se taper Ana Steele (l'héroïne du livre, NDLR)». Et même: «L'idée que le livre le plus populaire du monde ait Matt Bomer – un acteur gay – pour incarner Christian Grey est absolument ridicule.»
«C'est Hollywood qui est homophobe»Ces propos ont déclenché une véritable levée de boucliers, qui n'est pas sans rappeler la vive polémique (
lire notre article) déclenché par un rédacteur gay de
Newsweek, qui estimait lui aussi qu'un gay n'était pas crédible dans un rôle d'hétéro. Sean Hayes de
Will & Grace, l'acteur visé alors par la polémique, lui avait d'ailleurs
répondu avec humour en direct à la télé.
Face à cette bronca, Easton Ellis s'est défendu: «Je ne suis pas homophobe, c’est Hollywood qui l'est.» Il a pris pour exemple le film d'Ang Lee, Brokeback Mountain, en assurant que les deux héros de la nouvelle étaient moches et que l'adaptation les avait glamourisé avec les acteurs (hétéros) Jake Gyllenhall et Heath Ledger. Et ce n'est pas la première polémique pour l'écrivain, qui a pourtant confié qu'il était «bisexuel» quand il était à la fac: il avait déjà lancé, toujours sur Twitter, que regarder Glee c'était «mettre le pied dans une flaque de VIH»…
Matt Bomer récompensé
Entre-temps, il a donc été viré (pour de toutes autres raisons) de la liste des auteurs encore qualifiés pour travailler sur le projet. Et il a tweeté: «Qu'est-ce qui est pire? Voir ma sale tronche à-côté de Matt Bomer sur 300 articles sur internet (301 désormais, NDLR) ou le fait que le mec qui a pondu le scénario de Cars 2 soit encore sur les rangs pour écrire celui de Fifty Shades?»
Quant à Matt Bomer, au centre de la polémique sans avoir rien demandé, il ne s'est à aucun moment montré intéressé par le projet… Il continue d'incarner une sorte d'Arsène Lupin des temps modernes dans la série
White Collar, qui marche très fort et reprend à la rentrée. Et lui et son compagnon
viennent d'être annoncés pour recevoir le «Inspiration Award» de l'association GLAAD…
