dimanche 25 octobre 2015


















Rogan Richards fucks Veles ...

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Gareth Thomas ...



Gareth Thomas, en 2013, à Londres.

Avec l’Anglais Jonny Wilkinson ou l’Irlandais Brian O’Driscoll, ce retraité est omniprésent pendant la Coupe du monde de rugby en tant que consultant de la chaîne britannique ITV. Le 26 septembre, Gareth Thomas était aux anges après la victoire épique des Gallois à Twickenham qui contribua à bouter l’Angleterre hors de sa compétition. L’ancien capitaine du XV du Poireau revient donc pour le cinquième week-end puisque les Dragons rouges affrontent l’Afrique du Sud en quarts de finale dans cette même enceinte, samedi 17 octobre.


Pendant les pauses, c’est encore lui qui apparaît dans le cadre d’une publicité pour un brasseur irlandais. « Chaque impact, chaque côte ­fêlée, chaque os brisé, cela n’était rien en comparaison des démons qui me tiraillaient », raconte sa voix en off pendant que le rugbyman marche seul dans les couloirs du Millennium ­Stadium de Cardiff. Au moins la pub n’est pas mensongère : Thomas a perdu huit dents, eu cinq fois le nez brisé et subi trois commotions cérébrales, plus un infarctus.« Au moment le plus sombre, poursuit-il, je me suis adressé à mes coéquipiers et leur ai dit que j’étais homosexuel. C’est la chose la plus difficile que j’ai jamais faite. »
Etrange réclame, mettant en scène une souffrance intime pour vendre de la stout. Mais pour Thomas, le plus important est d’affirmer que le combat continue, près de six ans après la stupeur qu’il provoqua dans le monde de l’Ovalie. En décembre 2009, le Daily Mail publiait un entretien vérité. Le colosse (1,93 m pour plus de 100 kg) y faisait son coming out, le premier d’un rugbyman professionnel – du moins pour le XV, le treiziste australien Ian Roberts l’ayant précédé en 1995. Or, s’il est un athlète que les supporteurs les plus homophobes n’auraient jamais soupçonné d’être gay, c’est bien lui.
« Si vous demandez à quelqu’un dans la rue de décrire son stéréotype de rugbyman, “homosexuel” est bien le dernier mot qui lui viendra à l’esprit »
Comme Thomas l’indique aujourd’hui, il a changé « en tant que rugbyman, l’idée que l’on se fait habituellement des homosexuels ». Et vice versa : « Si vous demandez à quelqu’un dans la rue de décrire son stéréotype de rugbyman, “homosexuel” est bien le dernier mot qui lui viendra à l’esprit, sourit-il. En même temps, je connais beaucoup de femmes et de filles qui voudraient jouer au rugby et qui y renoncent. Elles sont hétéros et pensent qu’on va les identifier comme lesbiennes.C’est dingue ! Il a été décidé que ce sport serait hétéro pour les hommes et homo pour les femmes… »
Après cette courageuse décision, prise alors qu’il portait encore le maillot des Cardiff Blues, le joueur fut désigné comme personnalité gay la plus influente du Royaume-Uni dans la « Pink List » publiée par l’Independent on Sunday. Il avait passé la plus grande partie de sa vie à dissimuler sa sexualité et, d’un coup, il devenait une icône LGBT, après l’avoir été pour le rugby gallois du haut de ses cent sélections, entre 1995 et 2007. « A aucun moment je n’ai pensé devenir une figure de proue, ce qui est la plus mauvaise raison de faire son coming out, commente-il. Je l’ai fait pour moi, car je ne pouvais plus continuer à vivre dans le mensonge. Mon histoire a été ensuite montrée en exemple, et j’ai accepté ce rôle en me sentant plus fort. Mais ma seule intention, au départ, était de tenter de me sauver, moi et mes proches. Ils vivaient un enfer à cause de moi. »
Le trois-quarts a livré son histoire, écrite avec la complicité du journaliste du Sunday Mirror Michael Calvin, qui vient d’être traduite en français. D’ordinaire, les autobiographies de sportifs sont des plus prévisibles, un exercice d’autocélébration. Lui s’y flagelle souvent, débutant son récit par le jour où il a voulu mourir« Je voulais être un cadavre magnifique » sont les premiers mots de Fier (Michel Lafon, 204 p., 17,95 euros), un titre qui peut sembler ironique puisque le héros se définit ensuite comme « un être fragile, fourbe et perfide », trois adjectifs auxquels ses admirateurs n’auraient jamais associé ce guerrier au crâne rasé et aux muscles saillants et tatoués.

« Il fallait que je frôle la mort »

Nous sommes au début de l’année 2007 dans un pavillon à la périphérie de Toulouse. Capitaine du Pays de Galles (et des British Lions), Thomas est au sommet de sa carrière. Il a remporté deux ans plus tôt les deux grands titres de son palmarès, un Grand Chelem au Tournoi des six nations (que les Gallois attendaient depuis 1978) et la Coupe d’Europe avec le Stade toulousain. Mais tout s’écroule autour du centre. Sa femme, rencontrée quinze ans plus tôt, est partie. Thomas vient de lui révéler son homosexualité. Il pense en finir en se noyant dans sa piscine à l’aide de vodka et de paracétamol. Et se sent encore plus vil d’y renoncer.
« Il fallait que je frôle la mort, même seulement en pensée, pour commencer à aller mieux », analyse ce croyant en la rédemption, baptisé à 18 ans et lecteur de Shakespeare. Sa poitrine porte l’inscription : « By God not fortune » (« Par Dieu, pas le hasard »). Longtemps, il s’est cru damné, victime d’un châtiment divin qui aurait expliqué les trois fausses couches de son épouse.
« Si nous avions eu le bonheur d’avoir un enfant, je n’aurais jamais révélé mon homosexualité », écrit-il dans son livre. Ce qui demande explication : « A l’époque, j’étais très égoïste. Je voulais un enfant comme une preuve de ma masculinité.Si j’en avais eu un, sa vie aurait été plus importante que la mienne. Pour le protéger, je n’aurais pas brisé mon mariage. Combien de temps j’aurais tenu, je l’ignore.Je n’ai pas de regret. La raison de ce désir de paternité était mauvaise. C’est sans doute pourquoi cela ne s’est pas produit. »
Lui reste son enfance, vécue en pays minier, à Bridgend, à l’ouest de Cardiff. Le jeune Gareth est rétif à l’autorité et n’aime pas l’école. Promis à l’usine, il y échappe grâce à son père facteur, qui le fera embaucher à la poste. C’est un dur, qui ne s’explique pas pourquoi il est tombé amoureux de l’acteur américain Lee Majors, L’Homme qui tombe à pic.
« J’ai assisté à des matchs où des joueurs qui ne sont pas gays mais sont perçus comme tels par le public ont passé quatre-vingt-dix minutes à se faire agresserverbalement. Je pense que cela en a dissuadé plus d’un. »
Découvrir que l’on est attiré par les garçons dans cet environnement oblige au secret : « Il y a vingt ans, les choses étaient bien différentes, surtout quand vous viviez dans une petite ville ouvrière. Des gens de mon entourage, ma mère pour commencer, avaient découvert ma sexualité mais ne me l’ont jamais dit. Si quelqu’un était identifié comme homosexuel à Bridgend, tout le monde allait être au courant parce qu’il serait le seul dans ce cas. Je l’ai caché parce que je savais que cela l’emporterait sur tout le reste. Je ne voulais être connu qu’en tant que joueur de rugby. »
Thomas est encore facteur quand il est présélectionné en 1995 pour la première de ses quatre Coupes du monde. Il honore sa première sélection pendant le tournoi à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Galles l’emporte 57-10 contre le Japon et lui-même inscrit 3 essais. Les Dragons seront éliminés dès le premier tour mais, en rentrant, il signe son premier contrat professionnel. En 1997, il passe à l’ennemi, Cardiff. Lorsqu’il retourne pour la première fois au Brewery Field, le stade de Bridgend, une insulte résonne violemment à ses oreilles : « Pédé ». Elle ne l’empêchera pas de retourner au bercail en 2001. Mais l’injure rejaillira dix ans plus tard, alors qu’il s’est reconverti dans le rugby à XIII chez les Crusaders de Wrexham et a énoncé sa vérité.
Son geste a été peu imité. En août, deux rugbymen britanniques de renom, le treiziste Keegan Hirst et le « septiste » Sam Stanley, ont, certes, fait coup sur coup leur coming out. Mais Gareth Thomas, supporteur du Cardiff City FC, pense qu’une telle initiative n’est pas près de voir le jour s’agissant d’un footballeur du royaume : « J’ai assisté à des matchs où des joueurs qui ne sont pas gays mais sont perçus comme tels par le public ont passé quatre-vingt-dix minutes à se faire agresser verbalement. Je pense que cela en a dissuadé plus d’un. »
Deux anciens pensionnaires de Premier League ont annoncé leur homosexualité en raccrochant les crampons mais aucun n’était britannique : l’Américain Robbie Rogers en 2013, suivi de l’Allemand Thomas Hitzlsperger. Le seul sujet de Sa Majesté ayant osé affronter l’homophobie dans le football est Justin Fashanu, en 1990, alors qu’il était en activité. Il vécut une descente aux enfers, jusqu’à son suicide en 1998. « Le seul exemple que nous ayons au Royaume-Uni d’un footballeur ayant fait son coming out est tragique, constate Gareth Thomas. Et rien n’a vraiment changé depuis le temps où il jouait. »